Signer un bail professionnel

Marthe Gallois
Mis à jour par Marthe Gallois & Nathalie Giraud
le 4 mai 2018
Juriste chez PAP.fr

Un logement ou un local commercial peuvent se prêter à l'exercice de votre profession. Vous devrez alors signer un bail professionnel. Mode d'emploi.

Signer un bail professionnel
Signer un bail professionnel © Pixabay/Gregroose

Le bail professionnel fait partie des outils de travail qui assurent une protection minimale à ceux qui exercent une activité libérale pour les locaux dans lesquels ils travaillent. A qui s'adresse ce contrat de location ? Pour quels locaux et à quelles conditions ?

Qui peut signer ?

Ce bail se définit comme un contrat de location portant sur des locaux dans lesquels le locataire exerce une activité qui n'est ni commerciale, ni artisanale, ni industrielle. Il s'agit en fait de l'exercice d'une activité libérale. Ce type de bail concerne donc exclusivement les professions libérales, c'est-à-dire celles dont les revenus sont imposés dans la catégorie des bénéfices non commerciaux : avocats, médecins, dentistes, sages-femmes, kinésithérapeutes, pédicures, vétérinaires, experts-comptables, acupuncteurs, architectes, artistes peintres, sculpteurs...

A noter : le bail commercial est réservé à ceux qui accomplissent des actes de commerce, et non à ceux qui exercent une activité libérale.

Quels locaux ?

Il est possible d'exercer une activité libérale dans des locaux commerciaux, mais il est également possible de choisir un logement, à condition que le propriétaire donne son accord et que le professionnel s'assure que le règlement de copropriété l'y autorise. Il doit également recueillir de la mairie une autorisation de changement d'usage des locaux si le logement est situé dans une commune de plus de deux cent mille habitants, ou dans les départements des Hauts-de- Seine, de la Seine-Saint-Denis ou du Val-de-Marne.

Dans tous les cas, le propriétaire et le locataire doivent se renseigner auprès de la mairie de la commune où se trouve le logement afin de savoir si l'installation du professionnel dans un logement est soumis à cette autorisation, car des communes de moindre importance et hors de ces départements peuvent avoir institué ce type d'autorisation.

Quel contrat signer ?

Le bail professionnel est signé lorsque le local (commercial ou logement) est réservé exclusivement à l'exercice de la profession du locataire. Il peut permettre à un ou plusieurs professionnels de partager un même local et le loyer. Des médecins ou des avocats peuvent par exemple ouvrir un cabinet avec un secrétariat commun, partage de l'entrée, de la salle d'attente...

Toutefois, si le locataire souhaite résider à titre principal d'habitation dans le logement et n'en consacrer qu'une partie à son activité, c'est un bail mixte (habitation et usage professionnel) qui va être signé. C'est la loi du 6 juillet 1989 sur le bail d'habitation qui s'applique, et la durée du bail est de trois ans dans ce cas. Si vous optez pour ce bail, il faut également vous assurer préalablement que le règlement de copropriété autorise l'utilisation du logement à cet usage, et si le logement est situé dans une commune où l'autorisation de changement d'usage est requise, accomplir les formalités demandées.

A savoir : les parties peuvent aussi décider de signer un bail commercial, le locataire se soumettant alors volontairement au statut des baux commerciaux.

Quel statut pour le bail professionnel ?

Le cadre juridique de ce type de location est posé d'une part par les dispositions du Code civil portant sur les contrats de louage (articles 1 713 à 1 762 du Code civil) et d'autre part par le « ministatut » spécifique de l'article 57A  et 57 B de la loi du 23 décembre 1986. En l'absence d'un régime spécifique plus complet, c'est celui qui s'impose aux baux professionnels, car bien qu'il ait été envisagé à plusieurs reprises d'instituer un régime autonome pour le bail professionnel, aucun projet n'a encore abouti.

Le ministatut qui régit le bail professionnel fixe d'une part la durée minimale du bail, et d'autre part les conditions de son renouvellement et de sa résiliation. Les autres clauses relèvent du droit commun.

La durée du bail professionnel

La durée pour laquelle est conclu le bail est au moins égale à six ans. Cela permet aux professionnels d'avoir l'assurance de pouvoir rester au moins six ans dans les locaux, et de pouvoir ainsi fidéliser une clientèle et amortir le coût de leur installation. Une fois parvenu à son terme, le bail est reconduit tacitement pour une durée de six ans (ou celle prévue au contrat initial si elle est supérieure) sans formalités particulières, sauf dénonciation par le bailleur. Le loyer reste le même, avec les révisions annuelles prévues au bail.

La résiliation du bail professionnel

Au terme du bail initial ou de chacun de ses renouvellements, le bailleur peut donner congé au locataire avec un préavis d'au moins six mois, et n'a pas à motiver son congé soit par acte d’huissier soit par lettre recommandée avec accusé de réception.

Le locataire, en revanche, n'est pas engagé pour six ans. Il peut donner congé à tout moment avec un préavis de six mois soit par acte d'huissier soit par lettre recommandée avec accusé de réception. Contrairement au bail commercial, cette disposition donne au locataire titulaire d'un bail professionnel la possibilité de pouvoir partir s'il le souhaite en cours ou en fin de bail, sans avoir à motiver son congé et sans pénalité financière.

Le loyer et ses révisions

Le montant du loyer et ses modalités de paiement (mensuel, trimestriel, en début ou fin de terme) sont inscrits dans le bail. En cours de bail, le loyer va ensuite faire chaque année l'objet d'une révision à l'aide d'une clause d'indexation prévue au bail. Un nouvel indice a été mis récemment en place pour ce type d'activité : l'indice des loyers des activités tertiaires (Ilat) pour lequel vous devez opter lors de la signature du bail. Mis en place pour contrer les variations trop importantes de l'indice du coût de la construction, cet indice permet une augmentation plus régulière et adaptée du loyer.

Le dépôt de garantie

Le montant du dépôt de garantie est librement fixé par les parties, et représente souvent deux mois de loyer.

Important : à ce bail est annexé un dossier de diagnostics techniques comportant en particulier un diagnostic de performance énergétique établi par un diagnostiqueur professionnel, ainsi qu'un état des risques naturels et technologiques datant de moins de six mois.

Les charges

C'est le contrat qui définit librement les charges et les réparations supportées par le locataire. Contrairement au bail mixte, aucune règle ne s'impose aux parties qui négocient librement la répartition des travaux et des charges.

L'état des lieux

Avant la publication de la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014  dite loi Pinel  l'état des lieux était facultatif.

Cette loi a créé un article 57B qui stipule que :  « Au moment de chaque prise de possession des locaux par un locataire et lors de leur restitution, un état des lieux est établi contradictoirement et amiablement par les parties ou par un tiers mandaté par elles et joint au contrat de location.

Si l'état des lieux ne peut être établi dans les conditions prévues au premier alinéa, il est établi par un huissier de justice, sur l'initiative de la partie la plus diligente, à frais partagés par moitié entre le bailleur et le locataire ».

A savoir : les dispositions pour les baux conclus avant l'entrée en vigueur de la présente loi, l'article 57 B s'applique à toute restitution d'un local dès lors qu'un état des lieux a été établi lors de la prise de possession.

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